En 1950, l’abbé Emmanuel Caron, professeur au Collège Saint-Pierre à Uccle (Bruxelles), entreprend de former et de développer, au sein de son institution scolaire, une nouvelle chorale. A cette époque, c’est une activité de fourmis qui se développe, les prestations se limitant généralement à des animations à l’intérieur de l’établissement. Mais peu à peu, autour de l’enthousiasme de l’abbé Caron, se mettent en place les bases d’un véritable envol. Dix ans après sa fondation, le groupe a déjà gagné une notoriété importante couronnée par sa participation au mariage du Roi Baudouin et au baptême du prince Philippe, par la victoire au concours de l’Ange d’Or organisé par RTL Radio Luxembourg et par de multiples prestations à l’Opéra.

L’année 1964 marque le premier jalon d’une aventure nouvelle et désormais incontournable : les tournées musicales. Plus de 15 pays d’Europe et d’Amérique du Nord verront se produire les Petits Chanteurs du Collège Saint-Pierre. Le Canada deviendra très rapidement une destination de prédilection : pas moins de 19 tournées y seront organisées, dont 11 sous l’ère Caron.

Les invitations pleuvent de partout. Parmi les plus prestigieuses, citons le Palais Royal, des prestations dans de nombreuses ambassades, dans des cathédrales, à la radio, à la télévision, au Théâtre Royal de la Monnaie et une audience à Rome auprès du Pape Paul VI en 1970. Cependant, afin de partager avec tous l’émotion musicale qu’elle véhicule, la chorale des Petits Chanteurs répond également présent lors de nombreuses sollicitations émanant des hôpitaux, des prisons, des maisons de repos, etc. Le temps de Noël reste bien entendu un des moments forts où la magie de la musique vient renforcer la magie de cette fête du partage. « Rapprocher les hommes » par la Beauté, c’est là un des paris majeurs de l’abbé Caron.

C'est ainsi que 40 années ont passé sans que la chorale ne prenne la moindre ride. En 1990, la chorale est devenue une véritable institution désormais reconnue tant par les amateurs que les professionnels du milieu musical. Elle compte alors plus de 4200 prestations musicales. Pourtant, celui que l’on croyait « insubmersible » donne peu à peu quelques signes de fatigue. Diminué par une longue maladie, l’abbé Caron poursuit pourtant son chemin auprès de la chorale et participe même à la tournée canadienne de 1992. Lorsqu’il s’éteint en 1993, la chorale est orpheline et découvre avec chagrin l’immensité du vide qu’il a laissé.

Les successeurs

Orphelins, oui, mais héritiers naturels d'une œuvre immense appelée à durer. Un élan aussi contagieux ne pouvait se briser : plusieurs successeurs (Emmanuël Gets, Jean-Christophe Degols, Philippe Lambert, Philippe Sandron et Romain Verbeeren) ont à cœur de donner au projet de l’abbé une seconde vie, inspirée par la première. Soucieux de préserver le fond, ils s’appliquent néanmoins à renouveler la forme en l’adaptant aux nouvelles réalités. C’est ainsi, par exemple, que la chorale s’ouvre aux garçons issus d’autres écoles. Le groupe connaît alors un nouvel essor qui lui permet de continuer à parcourir le monde : tournées au Canada en 1994, 1996, 1998, 2000 et 2003 ; tournée en Suisse en 1999 et 2010 et en Irlande en 2005. Les grands rendez-vous en Belgique se succèdent. Au cours de cette évolution, la chorale s’ouvre à un répertoire musical plus large, réceptif à toutes les époques et à de nouveaux styles.

La chorale est aujourd’hui placée sous la direction musicale de Romain Verbeeren, lui-même ancien élève du Collège et ancien choriste. Il est secondé jusqu’en 2020 par Jean-Christophe Degols qui assure le suivi vocal et la formation des solistes. Le grand défi actuel est probablement de fidéliser les jeunes à une activité exigeante dans un monde où le « zapping » est roi. Pour mener cette tâche à bien, les responsables de la chorale travaillent sur deux pôles. Tout d’abord, entretenir une convivialité indispensable en multipliant les occasions de « bien se rencontrer » (week-ends, tournées, etc.). Ensuite, relever des défis de plus en plus ambitieux et, par là, valoriser encore davantage le travail consenti.

Pour exemple, à l’occasion de son soixantième anniversaire, en novembre 2010, la chorale donne un grand concert au Conservatoire Royal de Bruxelles, entourée de formations et d’artistes qui ont croisé de près ou de loin son destin, effectue une tournée musicale en Suisse et se produit avec deux des chorales les plus réputées de France : les Petits Chanteurs à la Croix de Bois, puis les Petits Chanteurs de Saint-Marc (les voix du film « Les Choristes »). Dans la foulée, la chorale édite un CD intitulé « 60 ans de passion », reprenant les fleurons de sa longue histoire.

En 2011, les Petits Chanteurs interprètent l’Hymne européen lors d’un rassemblement européen avec José Manuel Baroso et Herman Van Rompuy, ainsi que la Brabançonne, en 2012, à l’occasion de la Fête du Roi au Parlement Fédéral, et ce, devant la famille royale et les plus hautes autorités politiques de la nation.

Le 13 janvier 2013, la chorale rend hommage à son fondateur, disparu jour pour jour 20 ans plus tôt. Ce grand concert est enregistré et retransmis par la radio belge Musiq’3. C’est la même année que la chorale édite un nouveau CD, qui se veut l’écho des meilleurs moments de tous les concerts donnés depuis 2010.La saison 2016 est également marquée par la sortie d’un nouveau CD entièrement dédié à la magie de Noël et par la participation à un grand concert de gala au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en présence de la Princesse Astrid. L’année terminera en apothéose avec la captation par la RTBF et la diffusion sur Internet du traditionnel grand concert de Noël à l’abbaye de La Cambre.

En 2017, les Petits Chanteurs interprètent à deux reprises, avec orchestre, la célèbre Messe du Couronnement de Mozart et éditent dans la foulée un CD consacré au compositeur autrichien. Un an plus tard, c’est un CD consacré aux voix de solistes, « Un pour tous, tous pour un ! » qui voit le jour !

En juillet 2019, la chorale a l’honneur d’interpréter les hymnes nationaux belges et français sur la Grand-Place de Bruxelles à l’occasion du Grand Départ du Tour de France, et ce, en présence du Roi Philippe et du Premier Ministre Charles Michel, entre autres, et devant les caméras du monde entier.

Sous l’impulsion d’une équipe dynamique, le groupe poursuit sa route porté par des vents favorables, se produisant une quinzaine de fois par an, alignant – après la Suisse, le Portugal et les Alpes françaises – une 19e tournée au Canada, éditant plusieurs nouveaux CD et multipliant les plus belles collaborations : avec des chorales venues de Belgique ou d’Europe et avec des orchestres et solistes professionnels.

La réalité d’aujourd’hui n’est plus celle d’avant, et si le chœur de garçons existe toujours, plus de 70 ans après sa fondation, c’est qu’il n’a jamais cessé d’évoluer pour s’adapter contre vents et marées à ces nouvelles réalités, tout en gardant un profond attachement pour ses racines. Contrairement à des nombreuses croyances inspirées par l’histoire et l’identité de la chorale, les choristes qui la composent actuellement sont issus d’écoles de toute la capitale. Il est donc loin le temps où seuls les élèves du Collège Saint-Pierre d'Uccle (comme le nom de la chorale l’indiquait), soigneusement sélectionnés par l'abbé Caron, pouvaient rejoindre l’aventure.

Par ailleurs, les Petits Chanteurs sont le seul chœur de garçons de la région bruxelloise. Le changement de dénomination vise donc simplement à mieux refléter toutes les évolutions que le groupe a connues successivement pour devenir un projet musical ouvert à tous les garçons quelles que soient l’école qu’ils fréquentent, leur confession et leur connaissance de la musique. Il traduit en outre une histoire qui dépasse désormais le périmètre communal ou scolaire.

La chorale a aussi décidé de poursuivre son renouvellement en élargissant son offre musicale. Elle ouvre un pré-chœur pour les enfants de 5 à 8 ans, propose désormais aux plus passionnés de vrais cours de technique vocale et d’initiation au solfège. Pour motiver de nouveaux jeunes, elle lance plusieurs actions de sensibilisation au chant choral : des stages durant les vacances et des ateliers scolaires et parascolaires dans une quinzaine d'écoles bruxelloises. La plupart de ces projets ont vu le jour dans le cadre d’une alliance avec le chœur de filles Mélopée (dirigée par le même chef de chœur : Romain Verbeeren) qui s’est renforcée ces dernières années.

Si la chorale a su préserver l’esprit de celui qui l’a portée aussi loin – l’abbé Caron – son regard n'en reste pas moins résolument tourné vers l’avenir. Plus que jamais, elle veut continuer à représenter pour tous ceux qui la font vivre, une source intarissable de joies, d’équilibre et d’émulation. Longue vie à la chorale !